Quand on est pris d’un besoin irrépressible de changer d’air, pour une raison ou pour une autre, mais forcément une bonne, parce que peut-être tout simplement on a l’impression de tourner en rond en faisant du sur place, plusieurs alternatives s’offrent à nous. Ou à vous. A toi et moi, quoi. On peut même cumuler, voire c’est même recommandé, sinon il y a un plus fort taux d’échec et de rechute :
- Un déménagement, si possible dans une nouvelle région dans laquelle il faut trouver d’autres repères, et avec de nouvelles occupations de son esprit et de son temps, par exemple des travaux bien passionnants comme d’enlever les tapisseries.
- Reprendre prise avec son moi profond en se retrouvant un peu seul et ainsi redéfinir ses objectifs futurs et ses priorités dans cette nouvelle vie dont on espère tant et tant (bref, se faire larguer comme si on n’était plus qu’un vieux mouchoir plein de trucs pas bien catholiques et assez répugnants)
- Changer de métier (mais moi je ne sais rien faire d’autre que ce que je fais déjà)
- Se faire de nouveaux amis (enfin non, plutôt de nouveaux « potes »… On apprend, du moins on essaye, de ses erreurs passées : on reconnaît ses vrais amis seulement lorsqu’ils tombent amoureux et continuent de prendre de vos nouvelles, de s’inquiéter de vous, sans que vous ayez besoin de les relancer et de vous transformer pour cela en chieuse collante et dégoulinante)
- Trouver de nouveaux engagements, de nouveaux loisirs, de nouvelles activités bien prenantes (le macramé, le curling, le cinéma belge des années 60, la littérature érotique ou quoi que ce soit d’autre)
- Apprendre une langue étrangère comme le letton, puis s’inscrire sur un forum spécialisé dans les rencontres franco-lettones, juste par curiosité d’une culture étrangère.
- Se mettre au régime (ou pas)
- Se mettre au sport (ou pas)
- S’intéresser à la mode (ou franchement pas)
- Faire le tri.
Trier ? Bizarre, mais comme c’est bizarre… Oui, il est des périodes dans ma vie à moi personnelle de la réalité du matériel palpable où je me mets à trier, comme un besoin de remettre les choses en ordre autour de moi quand ça devient franchement le bordel et que j’en père tout reperd perds tout repère. Certains se jettent dans le ménage compulsivement, comme s’ils faisaient ainsi le ménage de ce qui se passe dans leur tête. Sûrement une histoire d’avoir le sentiment de maîtrise de quelque chose à défaut de l’avoir sur sa vie du dedans. Enfin un truc comme ça. Moi, quand ça devient trop le foutoir dans ma caboche, que je tourne et vire là-dedans comme dans un labyrinthe jumelé à un casse-tête chinois, il faut que je trouve quelque chose à trier et ranger. On va dire que ça me détend. Ou que j’ai l’impression de faire quelque chose d’utile. Ou que cela me donne un objectif que je me sens capable d’atteindre, pour une fois, et ça fait du bien d’arriver quelque part vers quoi on avait envie d’aller au moins de temps en temps. Ça devient un peu confus, là, j’en ai l’impression, non ?
Reprenons. Il m’arrive de me plonger dans une boite, un classeur, n’importe quoi qui renferme ce que d’autres appelleraient un amoncellement de choses inutiles et encombrantes, d’y mettre mon nez avec passion, au point d’en perdre toute mesure du temps. Si je n’y prenais garde, ça pourrait même tomber sur ce qui n’est pas mon propre désordre. Le hic c’est que ranger, dans mon cas, ça se transforme bien souvent dans une grosse crise de nostalgie avec un fort goût de mélancolie. « Oh, je me souviens de ce billet de train : c’est quand je suis allée à Paris et que etc etc etc » « Et ce ticket de parking... » « Et cette peluche, j’avais 6 ans et … » « et cette photo, je me souviens très bien quand je l’ai prise… » Ainsi soit-il de suite.
Le dernier objet en date de cette drôle de manie, heureusement passagère, fut les favoris de mon navigateur ouaibe. Et oui, parce qu’à cela s’ajoute une autre manie (nul n’est parfait, même pas moi, c’est dire !), puisque je souffre d'un mal étrange et inquiétant : la marque-pagite aigue. Cela se caractérise par une irrépressible envie d'enregistrer chaque lien ouaibe nouveau et d'un intérêt quel qu'il soit, je dirais même quelconque, et le symptôme en est ... une liste interminable de sites et de blogs en tout genre et tout domaine. Le tout de manière, du moins en ais-je le sentiment, classée et organisée (malgré cela, un chat y retrouverait difficilement ses petits...). On pourrait se dire que c'est bien, sans doute très utile. Non ? Je reprends : je me dis que c’est très utile puisque je garde tout sous la main, sous le coude, ou sous toute autre partie corporelle de votre choix, et que si j’ai besoin de quelque chose sur lequel je suis déjà tombée auparavant, pas de nécessité de nouvelles et fastidieuses recherches. Seulement, voilà ce avec quoi je me suis retrouvée nez à nez : des sites divers dont je me rends compte de l'inutilité pour moi, pages dont le contenu est à présent complètement dépassé, sites dont les liens sont introuvables, autres sites dont je me demande quel intérêt j’ai pu y trouver. Et bien entendu, voire encore dans une plus large mesure encore, il en va de même pour la longue longue liste de blogs. Comme une liste d’autant de livres que l’on aurait souhaité lire un jour ou l’autre, mais plus tard, et dont on s’apercevrait qu’ils sont tous épuisés et ne seront plus jamais édités. Des liens morts et enterrés depuis belle lurette (la lurette se comptant sur internet en termes de mois et non d’années).
Ah mais oui, j’en entends certains d’ici (j’ai Louis l’ouie fine) me faire la leçon sur le comportement à adopter alors : « ben c’est pourtant simple, tu bazardes tous les liens sur lesquels tu n’as pas eu l’occasion de cliquer dans le dernier mois écoulé ». Ben oui mais non, parce que moi, voyez-vous, je ne suis pas quelqu’un de simple, y a qu’à demander à mon ex (en même temps, c’est l’hôpital qui… bref), sinon je n’aurais pas un blog super intéressant avec des milliers des centaines des dizaines, quelques lecteurs assidus réguliers occasionnels égarés. Je ne suis pas simple, et chaque décision est le fruit d’un long cheminement intellectuel et sentimental (et après ça, je me demande encore pourquoi je souffre de fréquents maux de tête…). Rebelote donc, ouvrir chaque lien les uns après les autres, souvenir souvenir, et étude de chaque cas avec minutie, avec éventuellement une petite larmichette à l’œil au moment de cliquer sur « supprimer », comme si la touche était soudain la détente d’un révolver.
Je suis nouille, je suis cruche, bref une quiche, et la prochaine fois, si vous êtes sages, je vous ferai la démonstration que je suis également un boulet.