Il y a des livres, comme « Le Carnet d'or » et « L'herbe rouge », qui ont des musiques, très différentes l'une de l'autre mais qui restent toutes deux en tête. Dans le premier, l'écriture y a tellement d'importance, je ne veux pas parler de la forme mais dans le fond, que cela ne peut qu'inviter les lecteurs à écrire eux-aussi. La musique est alors intime, douce ou violente, mais en tout cas tournée vers l'intérieur, vers soi. Dans le second, et les autres livres du même type, la musique est totalement différente. Elle est pleine de couleurs vives, elle invite à l'absurde, à l'abstraction, à la fantaisie, à l'onirisme. Elle nous éloigne de la réalité vers un monde inventé. Elle donne envie d'inventer nous-aussi son propre monde absurde.
Après lecture complète de L'herbe rouge, ma première réaction a été la déception. Pas celle du bouquin dans son ensemble, mais la déception vis-à-vis des personnages, pas dans ce qu'ils sont, mais dans leurs comportements à la fin. Comme des personnes que l'on connaîtrait réellement, ou qu'on croirait connaître, et qui finiraient par nous décevoir par des actes dont on ne les savait pas capable. Bref, je me suis attachée à eux, personnages féminins et masculins, j'attendais autre chose de leur part.
Finalement, ce livre assez coloré est dans le fond assez noir, sombre, alors que Le Carnet d'or, que je ne pouvais m'empêcher d'imaginer en noir et blanc, est très lumineux. Les deux en tout cas se rejoignent sur un point: ils nous font réfléchir sur qui nous sommes, revenir sur qui nous avons été et sur ce que nous voulons être.
J'aime bien cette phrase extraite du commentaire à la fin du livre de Vian : « Toute l'oeuvre de Vian est poignante, certes, mais conseille de rire, surtout, et très vite! » Ironie du désespoir? Entre rire et larmes?
« La littérature ne s'apprend pas. On rencontre simplement, en ce domaine, des gens ou des livres qui, brusquement, vous disent, vous montrent ce que vous avez besoin d'entendre ou de voir. »
Doris Lessing
« L’histoire est entièrement vraie puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre. »
Boris Vian