2 septembre 2008
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22:10
Il n'y a pas à dire, il y a quelque chose dans l'air qui incline à la morosité générale. Ce ne peut pas être le climat : il fait un temps splendide ici. C'est surement lié à la rentrée, inévitablement, mêrme si on est loin d'être tous en train de "rentrer" d'une quelconque manière, que certains ne sont même pas sortis. Mais la rentrée des classes influe toujours sur l'ambiance générale. Cela ne peut pas encore expliquer tout.
J'entends par "tout", ce global manque d'enthousiasme, cette démoralisation que je ne cesse de voir tout autour de moi. C'est flippant. C'est flippant, parce que l'on a alors plus de mal à se faire remonter son propre moral défaillant. C'est flippant parce qu'on aimerait voir les gens qu'on apprécie aller bien. C'est flippant parce qu'on voudrait pouvoir faire quelque chose pour dissiper cette grisaille, alors qu'on s'en sent complètement incapable. Parce qu'on se sent soi-même un peu abattu. Comment trouver les mots qui feront sourire quand on n'a soi-même qu'une grosse envie de chialer?
Mais on essaye quand même, parfois.
Il y a cette formule qui m'interpelle depuis longtemps, cette question récurrente que l'on pose comme l'on dit Bonjour, au revoir, ou merde, cette question que l'on pose comme une habitude, sans trop en attendre vraiment de réponse, cette question qui tient en 4 lettres : "ça va?"
Ces deux mots semblent comme la suite logique du "bonjour" ou du "salut". Une formule de politesse finalement. Juste une formule de politesse? Est-ce qu'on attend autre chose qu'un "bien, et toi?"? Est-ce qu'on a vraiment envie de connaître la vérité? Est-ce qu'on a envie réellement que la personne à qui l'on pose la question nous donne son véritable état d'esprit du moment ou nous dresse la liste de tous ses maux, physiques ou psychologiques? Je me pose sincèrement la question. Moi, j'ai une certaine difficulté à mentir. J'ai râté ce cours-ci à l'école. Aussi, quand on me pose la question, que cela ne va pas terrible, et que je n'ai pas envie de faire connaître mes petits soucis ou mes mauvaises humeurs, je ne sais pas trop quoi répondre, j'esquive comme je peux. Le "oui, et vous/toi" devient très diffcile, et on finit par espérer surtout ne croiser personne.
Il y a les personnes à qui on n'a pas particulièrement envie de raconter sa vie, et il y a les personnes qu'on n'a pas envie de démoraliser encore plus. Surtout qu'au fond, on se dit qu'il n'y a rien de bien concret à cet abattement que l'on ressent, qu'il y en a d'autres qui ont bien plus de raisons d'avoir le moral dans les chaussettes.
Tout ça pour dire que c'est bien triste de demander comment ça va sans en en attendre réellement de réponses, que c'est bien triste que ce ne soit plus qu'une façon de parler, avant de passer à autre chose, comme pour qu'il n'y ait pas qu'un grand vide entre le "bonjour" et la suite du programme, une forme de lien sans conséquence.
Il y a ceux que l'on entend, et il y a ceux que l'on dit. Il y a le "comment allez-vous?" adressé à un collègue de travail ou à un client qu'on connait tout juste, et le "alors, comment tu vas aujourd'hui?" dit à l'adresse d'un ami pour lequel on s'inquiète réellement de connaître son état de santé ou son état d'esprit. Comment alors ne pas en attendre une réponse franche et honnête, de celle que l'on donne aux personnes que l'on croit dignes de sa confiance, dignes donc d'entendre la vérité?
Tout ça pour en arriver à cette constatation : je donne ici sans cesse mes états d'âme. Mais je m'intéresse tout autant à ceux des autres. Et puis, ça fait du bien de partager un peu, même si c'est de la grisaille, ou même si c'est à l'inverse pour faire connaître son bonheur, sa bonne humeur, passagère ou durable, son allégresse.
Alors juste poser la question à ceux qui passent par là ou pourraient s'égarer ici : "Comment ça va?"
Sincèrement.
"Politesse. La plus acceptable des hypocrisies."
Ambrose Bierce
"L'égoïsme inspire une telle horreur que nous avons inventé la politesse pour le cacher, mais il perce à travers tous les voiles et se trahit en toute rencontre."
Arthur Schopenhauer, Extrait de La Morale
J'entends par "tout", ce global manque d'enthousiasme, cette démoralisation que je ne cesse de voir tout autour de moi. C'est flippant. C'est flippant, parce que l'on a alors plus de mal à se faire remonter son propre moral défaillant. C'est flippant parce qu'on aimerait voir les gens qu'on apprécie aller bien. C'est flippant parce qu'on voudrait pouvoir faire quelque chose pour dissiper cette grisaille, alors qu'on s'en sent complètement incapable. Parce qu'on se sent soi-même un peu abattu. Comment trouver les mots qui feront sourire quand on n'a soi-même qu'une grosse envie de chialer?
Mais on essaye quand même, parfois.
Il y a cette formule qui m'interpelle depuis longtemps, cette question récurrente que l'on pose comme l'on dit Bonjour, au revoir, ou merde, cette question que l'on pose comme une habitude, sans trop en attendre vraiment de réponse, cette question qui tient en 4 lettres : "ça va?"
Ces deux mots semblent comme la suite logique du "bonjour" ou du "salut". Une formule de politesse finalement. Juste une formule de politesse? Est-ce qu'on attend autre chose qu'un "bien, et toi?"? Est-ce qu'on a vraiment envie de connaître la vérité? Est-ce qu'on a envie réellement que la personne à qui l'on pose la question nous donne son véritable état d'esprit du moment ou nous dresse la liste de tous ses maux, physiques ou psychologiques? Je me pose sincèrement la question. Moi, j'ai une certaine difficulté à mentir. J'ai râté ce cours-ci à l'école. Aussi, quand on me pose la question, que cela ne va pas terrible, et que je n'ai pas envie de faire connaître mes petits soucis ou mes mauvaises humeurs, je ne sais pas trop quoi répondre, j'esquive comme je peux. Le "oui, et vous/toi" devient très diffcile, et on finit par espérer surtout ne croiser personne.
Il y a les personnes à qui on n'a pas particulièrement envie de raconter sa vie, et il y a les personnes qu'on n'a pas envie de démoraliser encore plus. Surtout qu'au fond, on se dit qu'il n'y a rien de bien concret à cet abattement que l'on ressent, qu'il y en a d'autres qui ont bien plus de raisons d'avoir le moral dans les chaussettes.
Tout ça pour dire que c'est bien triste de demander comment ça va sans en en attendre réellement de réponses, que c'est bien triste que ce ne soit plus qu'une façon de parler, avant de passer à autre chose, comme pour qu'il n'y ait pas qu'un grand vide entre le "bonjour" et la suite du programme, une forme de lien sans conséquence.
Il y a ceux que l'on entend, et il y a ceux que l'on dit. Il y a le "comment allez-vous?" adressé à un collègue de travail ou à un client qu'on connait tout juste, et le "alors, comment tu vas aujourd'hui?" dit à l'adresse d'un ami pour lequel on s'inquiète réellement de connaître son état de santé ou son état d'esprit. Comment alors ne pas en attendre une réponse franche et honnête, de celle que l'on donne aux personnes que l'on croit dignes de sa confiance, dignes donc d'entendre la vérité?
Tout ça pour en arriver à cette constatation : je donne ici sans cesse mes états d'âme. Mais je m'intéresse tout autant à ceux des autres. Et puis, ça fait du bien de partager un peu, même si c'est de la grisaille, ou même si c'est à l'inverse pour faire connaître son bonheur, sa bonne humeur, passagère ou durable, son allégresse.
Alors juste poser la question à ceux qui passent par là ou pourraient s'égarer ici : "Comment ça va?"
Sincèrement.
"Politesse. La plus acceptable des hypocrisies."
Ambrose Bierce
"L'égoïsme inspire une telle horreur que nous avons inventé la politesse pour le cacher, mais il perce à travers tous les voiles et se trahit en toute rencontre."
Arthur Schopenhauer, Extrait de La Morale