Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Face Cachée

  • : Le blog de Eurêka
  • : Tout ce qui me fait débloquer.
  • Contact

Albert Einstein

"La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre."

Juste par curiosité...

Il y a actuellement    personne(s) sur ce blog
15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 21:10


    Les livres ont souvent une histoire. Une histoire autour de son écriture, mais aussi une histoire qui entoure son choix et sa lecture. Plutôt qu'une histoire, on peut  parler de circonstances, du souvenir d'un lieu, d'une période de sa vie, de paysages qui nous y ramèneraient chaque fois qu'on se retrouverait face à des paysages similaires.
    Quand je pense à un livre que j'ai lu, me reviennent souvent aussitôt en mémoire des images du lieu où je le lisais. Une cafétéria, un parc, un certain appartement... Je suppose que c'est la même chose pour la plupart des gens (du moins ceux qui lisent). Et puis inversement, quand je pense à un lieu, à des vacances, je me souviens du livre que j'y ai lu. Par exemple, mon voyage scolaire de 3ème, il y a donc 15 ans, en Italie, pas très loin du Vésuve, me rappelle immanquablement le livre de Torey L. Hayden que je lisais sur le balcon de la chambre d'hôtel : « La forêt de tournesols ». C'est incontournable, l'un est irrémédiablement lié à l'autre.

    Le livre dont j'ai envie de parler aujourd'hui aurait pu ne pas croiser ma route, j'aurais pu complètement passer à côté, si, un jour et à une minute précise, je ne m'étais retrouvée dans une librairie à côté de deux jeunes femmes dont l'une vantait à l'autre les qualités de ce roman. Je ne sais pas pour l'autre, mais moi, elle m'a convaincue.
    J'ai donc lu ce bouquin une première fois durant l'été de la fameuse canicule de 2003. Pour ce qui est des images qui m'en restent, ce sont les bords de la piscine du quartier où j'habitais à l'époque. Ça peut sembler banal, mais que voulez-vous, je garde un bon souvenir de mon quartier dit « sensible » de l'ouest lyonnais, même si les flammes d'une voiture incendiée tentèrent un jour de venir lécher le balcon de mon appartement situé au 17ème étage.  Mais ce n'est pas le sujet du jour.

    Ce petit roman m'avait marqué, notamment par son humour, au point que je le cite à chaque fois qu'on me demande quel genre de livres j'aime. Je l'ai relu cette semaine. Autre lieu, autre cadre, autre climat, autres souvenirs.
    J'ai une tendresse particulière pour ces filles qui n'ont pas d'manières pour Antoine, le personnage central du livre, cet « intellectuel » qui considère cette caractéristique comme un mal social non reconnu comme tel par cette même société, la cause de toutes ses peines, son célibat, sa pauvreté, sa « désintégration » sociale. Il n'a pas fait des études pour trouver du travail et réussir, mais pour apprendre des choses qui l'intéressaient, il n'a pas fait de sport parce qu'il ne ressentait pas comme ses petits camarades le besoin d'entrer en compétition avec d'autres, il n'a pas de lecteur de CD mais écoute toujours des vynils parce qu'il rejette toute idée de technologie nouvelle dans l'unique but de pousser les consommateurs au renouvellement constant de leurs biens sans en voir réellement l'utilité.
    Cet être, consommationnellement déviant et intellectuellement hors norme, a peu d'amis, mais des amis sincères et fidèles.
« Ses goûts sans exclusive, disparates, le bannissaient des groupes qui se forment sur des dégouts. »
« Etre pour ou contre était pour lui une insupportable limitation de questions complexes. »

Mais il ne supporte plus sa vie telle qu'elle est, veut devenir quelqu'un de « normal », entrer dans le troupeau, s'intégrer.

    Il commence par envisager de devenir alcoolique, parce que l'alcoolisme est socialement reconnu comme une maladie et afin d'intégrer ensuite un groupe d'alcooliques anonymes. Après avoir étudié la possibilité de se suicider et avoir pris des cours à cette fin, il prend la décision de devenir « stupide », grâce à de petites pilules rouges.
« J'ai la malédiction de la raison; je suis pauvre, célibataire, déprimé. Cela fait des mois que je réfléchis sur ma maladie de trop réfléchir, et j'ai établi avec certitude la corrélation entre mon malheur et l'incontinence de ma raison. Penser, essayer de comprendre ne m'a jamais rien apporté mais a toujours joué contre moi. »

    Pour ma part, ce livre est l'un de ceux que je classerais parmi mes favoris, sans pouvoir expliquer pourquoi. Je le trouve très bien écrit, parfois absurde (et j'aime bien l'absurdité), souvent drôle, même s'il comporte aussi pas mal de cynisme totalement assumé. Mais certainement pas désespéré.
    Pour tenter de comprendre ce qui me plaît tant dans ce livre, j'ai lu quelques critiques de personnes anonymes ou non sur internet. Il est clair qu'il ne fait pas l'unanimité, me voilà soulagée. Il n'aurait pu qu'en perdre de l'intérêt à mes yeux, même contre ma volonté (c'est plus fort que moi, ça ne s'explique pas). Mais ce qui me surprend surtout, c'est que beaucoup le décrivent comme drôle, frais et léger. Léger. Non, je le trouve loin d'être léger en fait. Certainement pas léger, sans pour autant le qualifier de lourd. Pour d'autres personnes, j'en viens même à m'étonner de la compréhension qu'ils ont eu de ce livre, totalement différente de la mienne.
Un petit livre à relire encore, pour apprécier toutes les subtilités dont il regorge.

Et se demander alors si ces citations se justifient :

"L'ignorance n'a rien de honteux, la plupart des hommes voient en elle le bonheur. Et, de fait, elle est le seul bonheur possible en ce monde."
Patrick Süskind, Le testament de maître Mussard

 "Quatre sortes de personnes dans le monde : les amoureux, les ambitieux, les observateurs et les imbéciles. Les plus heureux sont les imbéciles."
Hippolyte Taine, Vie et opinions de Frédéric Thomas Graindorge


Et dire que le bouquin a été aujourd'hui attaqué sauvagemment par un affreux petit monstre chien, et que Steinbeck a été sauvé de peu...


Partager cet article
Repost0

commentaires

N
C'est ce qu'on appel dévorer un livre!<br /> Nina
Répondre
E
<br /> Un amoureux des livres, ce chien...<br /> <br /> <br />
D
ah....le votre aussi ...il aime les livres..à sa façon :)...A+
Répondre
E
<br /> drôle de façon, n'est-ce pas?<br /> <br /> <br />
F
Salut,tiens, tu as habité la duchère ? J'ai été sur Villeurbanne de 1992 à 2001 avec un trou de dix mois pour faire le clown en treillis.J'avais entendu parler de ce livre à l'époque de sa sortie, puis je l'avais oublié. A noter de ne pas l'oublier cette fois-ci...Fred
Répondre
E
<br /> Salut Fred,<br /> <br /> J'ai dû y emménager en 2001 justement. Villeurbanne, j'ai eu un petit soucis de voiture là-bas, et en plus je m'étais complètement paumée en allant à Vaulx-en-Velin (Rhôôô, que de beaux coins!)...<br /> <br /> <br />
P
Il est excellent ce livre, ma soeur  me l'avais passé et j'ai adoré...
Répondre
E
<br /> N'est-ce pas!<br /> <br /> <br />
D
Juste une question Eurêka, le chien, t'en as fais un autodafé ??? 
Répondre
E
<br /> Après un jugement vite expédié, il fut décidé en effet qu'il serait exécuté dans l'heure, ce qui fut fait.<br /> Y a des choses auxquelles faut pas toucher.<br /> <br /> <br />